Toujours remettre les points sur les I et les barres aux T.
Voilà quelques années que les Echo du Qi existent et nous faisons le constat que nous sommes assez seuls pour enrichir le savoir et le partager. C’est bien dommage car l’esprit de ce compagnonnage est un point sur lequel je suis très sensible. J’aime l’esprit de l’entraide et de la fraternité. J’aime ressentir l’appartenance à un groupe fort et discret qui peut compter sur les uns comme sur les autres. Mais le chemin est raide voire parfois austère et bien solitaire.
Pourtant je ne lâche rien, je continue à penser que l’enseignement très « initiatique » est essentiel à l’élévation de l’homme.
Je sais par ailleurs, pour avoir eu le plaisir de rencontrer et de partager avec d’autres enseignants et thérapeutes, le niveau que le centre Imhotep dispense aujourd’hui. Il est très élevé tout simplement parce que le choix fut pris il y a bien longtemps maintenant, d’enseigner l’acupuncture et rien que l’acupuncture ce qui donne un programme complet. J’ai pu constater au fil des années le déclin, l’obscurantisme parfois de cette médecine chinoise que tout le monde défend selon ses idées et points de vue. J’ai la chance d’avoir commencé très jeune.
A dix-sept ans vous êtes malléable et avide de savoirs. J’ai eu comme professeurs Jean-Louis Blard et Charles Laville-Méry. Ils m’ont ouvert sur bien des points complexes de l’acupuncture. Mais surtout j’exerce depuis tout ce temps et enseigne. Et aujourd’hui je ne connais personne qui l’a eu fait ou qui continue à le faire. J’ai assisté en 1982 du haut de mes vingt-deux ans, au congrès de Rennes où tous les noms de l’acupuncture étaient réunis. Moi, tout jeune je croyais en une saine émulation, un besoin essentiel qu’a l’humain de partager, de se critiquer afin d’avancer sur les voies de la connaissance. Je fus déçu de voir que nous étions restés à l’ère des dinosaures et de se taper à qui mieux mieux avec une matraque de mots. Aujourd’hui, quarante ans après et bien, rien n’a changé. Nous avons des échanges complaisants mais sérieusement ? Quelle perte énorme de l’acupuncture au profit de la MTC et de tout un panel de « trucs » pour rester à flot des connaissances. Thérapie holographique, Tung, Tan, Reiki, chamanisme, biorésonnance énergétique, luminothérapie etc. La liste est loin d’être exhaustive. Nous perdons de l’information alors nous colligeons des données de différents endroits et différentes sciences. On confond astrologie et astronomie, chrono-acupuncture et astrologie médicale. C’est un vrai capharnaüm mais il ne faut pas trop le dire sinon vous êtes ostracisé, vilipendé car il y a une sorte de pensée condescendante à se croire tous du même bord et du même niveau. Et pour couronner le tout, la peur du médecin, de l’Ordre est dans la plupart des coeurs de ces personnes. Comment en est-on arrivé là?
Est-il possible de trouver un terrain d’entente, un lieu de paix ? Peut-être si nous prenons la décision d’être honnête. Mais pour certaines et certains cela est déjà de trop. Comprenez-vous l’énorme différence qui existe aujourd’hui entre acupuncture et MTC? Je le saisis bien, si vous avez fait des études de MTC vous vous sentez offensé par mes propos et je vous assure que telle n’est pas ma volonté. Ce que je tente de vous faire comprendre, c’est qu’il est essentiel de savoir de quoi vous parlez. Si vous parlez MTC alors vous êtes sur la pharmacopée, le Tui na, de l’acupuncture analgésique et basée sur des protocoles mais qui n’a que le mot acupuncture en commun. Je ne me risquerai pas sur le terrain du massage et de la pharmacopée mais par contre je continuerai à expliquer que l’acupuncture d’aujourd’hui enseignée en MTC, est une mascarade au vu des connaissances qu’il faut posséder pour l’exercer. Je sais bien que chaque personne ayant déjà passé des années à étudier la MTC, trouvera mon propos un peu outrageux. Mais je les ai en stage clinique et là il n’y a plus de questions ou de palabres. La réalité, c’est le terrain. On peut gloser ad vitam aeternam, c’est le terrain qui sera le juge impartial.
Nous devons recadrer le glissement qui s’est opéré au fil des années. Il n’y a ni approbation ni désapprobation dans mon propos mais plus une obligation de justice. La MTC a et aura toujours ses fervents admirateurs et je ne le critique en rien. Ce que je défends, c’est l’acupuncture, celle basée sur une vision animiste et vitaliste du monde qui nous entoure.
Mes anciens élèves aujourd’hui thérapeutes le savent. Ils sont les gardiens de cet art que je leur ai transmis. Ils sont dépositaires mais surtout des artistes. L‘acupuncture n’a rien à voir avec des noms de maladies qui pullulent aujourd’hui sur internet et dans les écoles. Et comment soigne t-on un zona? Et une fibromyalgie?
Cette simple constatation montre l’insane incompréhension de l’utilisation de cet art.
Il y a largement de la place pour tout le monde dans le cadre de la santé. Mais de grâce, ne mélangeons pas les genres qui leurrent souvent le thérapeute et malheureusement souvent le patient.
Jean Motte